Et si une balade en barque signifiait plus que tout ce qu’un homme et une femme pouvaient vivre et se montrer par les mots, au fil du temps et de leur histoire.

« On tend une perche ». Il faut un début. 

« On rame ». Difficulté quotidienne, expression populaire qui parle d’elle-même, ici simple pression boisée sur l’eau pour avancer. Aller plus loin. Dans les deux cas le sens est le même, mais avec la chance du plaisir, ou pas.

« On se mouille ». Inévitable conséquence de la traversée du grand bassin. Nos ingénieurs font voler des monstres d’acier à 10 000 mètres du sol, mettent à notre disposition des machines capables de dépasser tout calcul humain, mais la rame qui ne trempe pas ses utilisateurs, c’est l’exigence de trop. Peut-être parce qu’avec les femmes, quoi qu’il arrive, il n’y aucune technique qui vaille. Aimer c’est se mettre à l’eau, même quand on pense flotter.

« On se fatigue ». Il n’y a de traversée qui ne se ponctue d’une pause.

« On débarque ». Vision fataliste et tragico-dramatique de ce qui fait la nature en général. Etre outré de la fin, c’est refuser le changement. Or sans changement, l’homme s’ennuie. S’amuser sans changer, peut-être une solution. Si c’était aussi simple. Inévitablement, il faudra débarquer un jour. Si je refuse de voir ailleurs c’est comme lorsque je me dis que je ne veux pas mourir…je ne suis pas curieux. (cf :l’amour dure trois ans)

Après la balade en barque malheureusement, il faut toujours poser pied à terre.

Heureusement aujourd’hui, c’était un aviron.


Papier: Arnaud Jardin / Photographie: Pierre Dulac